Le feu est-il l’ennemi de
la forêt méditerranéenne ou un facteur régulateur naturel de l’écosystème ?
Quel est l’effet du changement climatique sur ces interactions ? Grace au
programme IRISE, coordonné par le Cemagref, on sait aujourd’hui que tout est
une question de fréquence, en lien avec le stock de matière organique qui
conditionne la vie dans le sol. Les résultats obtenus ouvrent de nouvelles
pistes pour gérer au mieux les écosystèmes les plus fragiles.
Le feu représente l’une des plus importantes
perturbations subies par les écosystèmes forestiers méditerranéens, avec 600
000 hectares brûlés chaque année. Or, ce n’est pas tant l’étendue des
parcelles brûlées qui préoccupe les scientifiques que les effets des
incendies sur le comportement des peuplements végétaux et la capacité de
l’écosystème à se régénérer.
Grâce au programme IRISE, coordonné par le
Cemagref, on sait aujourd’hui que ce n’est pas un feu isolé qui détruit la
forêt, mais la trop grande fréquence des incendies.
Il a permis de déterminer les
fréquences critiques, au-delà desquelles l’écosystème n’est plus à
l’équilibre et réduit sa capacité à se régénérer. Des mécanismes clés
impliqués dans la régénération ou l’effondrement des écosystèmes fragilisés
ont été identifiés. Profitant du déficit des pluies entre 2003 et 2008, les
scientifiques ont, de plus, étudié l’interaction entre la répétition des
feux et celle de la sécheresse.
50 ans pour gommer les effets d’un incendie
Dans les zones régulièrement incendiées,
l’activité biologique du sol se concentre dans les premiers centimètres, où
se trouve l’essentiel de la matière organique, exposée à la combustion et à
l’érosion. Après le passage d’un incendie, la plupart des paramètres
physico-chimiques des sols forestiers retrouvent quantitativement leur
niveau initial en 15 à 25 ans.
Mais il faut attendre 50
ans pour observer une résilience globale et qualitative de l’écosystème.
En deçà de ce seuil, les communautés
bactériennes et la faune du sol, éléments essentiels du processus de
régénération, sont moins diversifiées et moins actives.
En outre, suite à un incendie, la
matière organique contient des quantités élevées de substances peu
dégradables ou toxiques, susceptibles d’inhiber partiellement l’activité
biologique du sol. Ce n’est qu’après 150 ou 200 ans sans feu que l’on
observe un fort accroissement du stock de carbone dans le sol et un
enrichissement de la structure et de la composition de la végétation.
Les 1er et 4e feux, seuils critiques
Il suffit d’un seul feu pour interrompre ce
processus de restauration, sans toutefois compromettre la capacité de
régénération à long terme. Cette dernière n’est pas non plus affectée par un
ou deux feux supplémentaires en 50 ans. Mais un quatrième feu sur cette
période peut être fatal, ou deux incendies très rapprochés dans le temps (à
moins de 10 ans d’intervalle).
À ce seuil du «4e feu», on constate la
raréfaction d’espèces et de communautés essentielles au fonctionnement de
l’écosystème, ainsi que la diminution du stock de matière organique et de sa
qualité. Alors que l’incendie a provoqué l’émission de grande quantité de
CO2, la forêt n’est plus en mesure de garantir son rôle de puits de carbone,
ce qui, in fine, contribue à renforcer l’effet de serre. La composition
végétale change et la forêt peut progressivement laisser place à des
formations arbustives.
Lorsque la sécheresse s’en mêle
L’augmentation de la fréquence des épisodes
de sécheresse, telle qu’elle s’est produite entre 2003 et 2007, conjuguée à
une importante fréquence d’incendies, conduit à un effondrement du
fonctionnement biologique de l’écosystème. Une sécheresse persistante après
un feu ralentit, voire stoppe la régénération de la forêt. De la même façon,
l’impact d’un incendie sur un milieu venant de subir une période de
sècheresse prolongée est aggravé.
Quatre années de sécheresses
successives constitueraient ainsi un seuil critique dans la résistance de la
forêt au feu.
Le changement climatique, en intensifiant cette conjonction de feux et
de sécheresses, ne peut par conséquent que fragiliser ces écosystèmes. Et il
devient alors difficile de prévoir leur devenir à moyen et long terme.
L’ensemble de ces travaux offre les moyens
de dégager des priorités pour la gestion des forêts méditerranéennes : les
zones ayant été soumises à plusieurs incendies récents, qu’un feu pourrait
dégrader irrémédiablement, sont à considérer en priorité, en regard des
forêts n’ayant pas brûlé depuis plusieurs dizaines d’années, plus
résilientes. Les trop rares forêts âgées (plus de 150 ans) sont aussi à
protéger à tout prix. En raison de l’importance que revêt le stock de
matière organique du sol dans la résilience de la forêt, l’apport de compost
pour reconstituer la fertilité du sol forestier et la dynamique du milieu
pourrait être envisagé dans les zones les plus fragilisées. Des
expérimentations ont été initiées dans ce sens, afin d’évaluer l’efficacité
de la mesure.
http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=1985
le débit des fleuves
D'après une étude parue dans dans la
revue de la Société américaine de météorologie "Journal of Climate", le
débit des plus grands fleuves de la planète a baissé en un demi-siècle.
L'étude qui porte sur la période 1948-2004
et sur 925 cours d'eau majeurs montre un déclin global du débit des fleuves.
La baisse du volume de
l'eau douce
s'écoulant dans l'océan Pacifique représente par exemple l'équivalent du
fleuve Mississippi.
La seule région à connaître une tendance
inverse est l'Arctique, où le réchauffement climatique accroît la fonte des
neiges et des glaces, explique le principal auteur de l'étude, Aiguo Dai, du
Centre national américain pour la recherche atmosphérique.
Les ressources en eau douce vont donc
probablement décliner au cours des décennies à venir dans de nombreuses
régions densément peuplées à des latitudes moyennes et basses,
essentiellement à cause des
changements climatiques. La disparition rapide des glaciers de montagne
sur le plateau tibétain et dans d'autres régions aggraveront les choses.
Les auteurs insistent sur le changement
climatique comme cause majeure de ces changements, même si d'autres facteurs
interviennent également, comme les barrages et le détournement de l'eau pour
l'agriculture et l'industrie. Des changements à long terme dans le débit
(des fleuves) devraient être une préoccupation majeure durant la période de
réchauffement de la planète.
Pour nombre de grands fleuves, "les effets
des activités humaines sur le débit annuel sont probablement faibles
comparés à ceux des variations du climat entre 1948 et 2004", écrivent les
chercheurs.
Plusieurs fleuves dont le débit à baissé se
trouvent dans des régions très peuplées, comme le Huang He (fleuve Jaune)
dans le nord de la Chine, le Gange en Inde, le Niger en Afrique occidentale
et le Colorado dans l'ouest des Etats-Unis. A l'inverse, les zones proches
de l'Arctique où les cours d'eau sont plus importants sont peu peuplées.
Les chercheurs ont découvert des variations
considérables d'une année sur l'autre dans le débit de nombreux fleuves,
mais la tendance générale sur la période analysée révèle une baisse des
rejets d'eau douce dans l'océan Pacifique d'environ 6%, soit 526 kilomètres
cubes d'eau.
L'écoulement annuel d'eau douce dans l'océan
Indien a de son côté reculé de 3% (140 kilomètres cubes). Par comparaison,
ce chiffre a augmenté de 10% (460 kilomètres cubes) dans l'océan Arctique.
En revanche, peu de changements ont été constatés pour l'Atlantique, des
hausses de débit du Mississippi et du Parana étant compensées par des
baisses de l'Amazone.
http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=1983
a suivre
Les espèces indigènes animales et
végétales de l'Antarctique seront mieux protégées et le nombre des visiteurs
dans le continent le plus méridional de la planète sera limité à l'issue de
la conférence de deux semaines qui a rassemblé à Baltimore les délégués des
28 pays qui ont ratifié le traité sur l'Antarctique.
Les États-Unis étaient l'hôte de la 32e
réunion consultative sur le traité de l'Antarctique qui s'est tenue du 6 au
17 avril à l'occasion du 50e anniversaire de la signature dudit traité en
1959 à Washington.
Le traité s'applique à toute la superficie
des territoires situés au sud du 60e parallèle sud, y compris les
plates-formes glaciaires.
Les dispositions principales du traité
prévoient que seules des activités pacifiques seront autorisées dans
l'Antarctique, que la région sera ouverte à la recherche scientifique, que
les pays ayant une présence scientifique partageront avec les autres
signataires leurs plans et les résultats de leurs programmes, que les
explosions nucléaires seront interdites et que les États membres devront se
réunir régulièrement.
« Nous venons d'achever une réunion très
réussie », a déclaré Evan Bloom, directeur adjoint du bureau des affaires
océanographiques et polaires du département d'État lors d'une téléconférence
de presse donnée le 17 avril, à l'issue de cette réunion à laquelle il avait
dirigé la délégation des États-Unis.
« Nous avons entamé cette rencontre par une réunion au niveau ministériel
dirigée par la secrétaire d'État Hillary Clinton », a ajouté M. Bloom. « Mme
Clinton a mis l'accent sur un certain nombre de thèmes, dont l'importance de
la recherche scientifique polaire, qui contribue hautement à notre
connaissance des
changements climatiques. »
Parmi les participants à cette conférence
figuraient 400 diplomates ; des directeurs de programmes et experts
logistiques de l'Antarctique ; des spécialistes des recherches polaires
venus de 47 pays, dont 28 délégations de groupes de consultation menant des
recherches dans l'Antarctique de même que des représentants d'autres entités
associées au traité ; enfin, des observateurs de plusieurs organisations non
gouvernementales.
Les résolutions
La réunion a commencé le 6 avril par la
première séance conjointe de responsables représentant le Traité sur
l'Antarctique et le Conseil de l'Arctique, un forum intergouvernemental de
haut niveau qui se penche sur les questions auxquelles doivent faire face
les gouvernements de cette région et les peuples autochtones.
En cette première journée, les ministres ont
adopté deux déclarations - l'une appuyant la recherche scientifique polaire
et la coopération dans ce domaine, l'autre affirmant les dispositions clé du
traité sur l'Antarctique, y compris les clauses qui garantissent la liberté
de la recherche scientifique et réserve exclusivement l'Antarctique à des
fins pacifiques.
« Ce traité a été le premier sur le
désarmement entre les États-Unis et l'Union soviétique », a dit le président
de la réunion consultative sur le traité de l'Antarctique, Tucker Scully
dans une téléconférence de presse. « Toutes les activités militaires et
nucléaires ont été interdites, la liberté de la recherche scientifique a été
garantie, et le traité a mis de côté les différends fondamentaux quant aux
revendications territoriales dans la région pour permettre à des programmes
de recherche menés en collaboration d'aller de l'avant sans entraves de même
qu'aux activités pacifiques dans la région. »
Le traité sur l'Antarctique est également
devenu un cadre « qui met l'accent sur la protection environnementale, la
conservation des ressources et la coopération scientifique », a ajouté M.
Scully. Et il se penche donc « sur certaines des principales questions
scientifiques auxquelles le monde doit faire face de nos jours, notamment la
recherche sur le fonctionnement du climat à l'échelle planétaire ».
La flore et la faune
Lors de cette conférence, les parties
consultatives sont parvenues à un consensus sur des réglementations liées au
tourisme, notamment l'interdiction aux touristes de débarquer s'ils sont
arrivés à bord de bateaux de croisière comptant plus de 500 passagers, et
celle qui ne permet aux navires qu'à faire débarquer 100 passagers à la
fois. Ces règles auront force exécutoire une fois qu'elles auront été
approuvées par toutes les parties à la réunion consultative.
Ces parties sont également convenues
d'appuyer les initiatives de l'Organisation
maritime internationale visant à promouvoir la sécurité du commerce
maritime dans l'Antarctique, notamment des dispositifs de protection
renforcée pour les canots de sauvetage sur les bateaux de croisière, et pour
protéger tout l'écosystème du continent.
« Les parties ont achevé l'examen exhaustif
de l'Annexe 2 du protocole sur l'environnement et les amendements afférents,
qui porte sur la conservation des espèces indigènes de la faune et de la
flore de l'Antarctique », a indiqué M. Scully lors de la même
téléconférence. « La conclusion de cette tâche a été considérée comme l'un
des principaux accomplissements de cette réunion. »
Le traité sur l'Antarctique est complété par
des recommandations adoptées lors des réunions consultatives, par un
protocole relatif à la protection de l'environnement, parachevé en 1991, par
la Convention pour la protection des phoques de l'Antarctique (1972) et par
celle sur la conservation de la faune et de la flore marines (1980).
Le protocole sur
l'environnement désigne l'Antarctique comme une réserve naturelle consacrée
à la paix et à la science et définit les principes fondamentaux
s'appliquant aux activités humaines sur ce continent, notamment l'obligation
d'accorder la priorité à la recherche scientifique.
Les prochaines étapes dans le cadre des
initiatives visant la protection de l'environnement de l'Antarctique :
obtenir des parties consultatives, dont les États-Unis, l'approbation des
règles sur le tourisme, et œuvrer de concert avec l'Organisation maritime
internationale pour promouvoir la sécurité du commerce maritime.
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